“Du Content en Amour”

A l’occasion de la récente reprise du “Goût du Jour” à Mons et de son nouveau succès, retour sur un des plus anciens textes revisités par la pièce, le rondeau “Du Content en Amour” de Clément Marot, grand poète de la Renaissance encore profondément imprégné de l’héritage médiéval.

A travers son florilège de textes de grands écrivains, “Le Goût du Jour” revisite des œuvres de nombreuses époques, et n’hésite pas à remonter jusqu’à la Renaissance. A ce titre, nous avions déjà mentionné dans un article précédent Louise Labé (1524-1566), dont l’un des sonnets a été repris par l’auteur Daphné Cornez. Mais celle-ci a également voulu rendre hommage à un poète encore plus ancien de quelques années, le très prolifique Clément Marot (1496-1544), qui participe encore énormément de la tradition médiévale.

Parmi ses nombreux écrits, par ailleurs extrêmement variés, Clément Marot a notamment mis à l’honneur le rondeau, forme poétique née de la chanson et caractérisée par l’utilisation d’un refrain. Il le fit même évoluer sous une nouvelle structure qui connut un grand succès, un rondeau allongé - à douze ou quinze vers - qui répète le demi-vers initial au milieu et à la fin du poème.

C’est sous cette forme que Clément Marot écrivit “Du Content en Amour”, un poème que lui a emprunté “Le Goût du Jour” tant il illustre aussi à merveille la félicité de l’Amour :

Là me tiendrai, où à présent me tien,
Car ma maîtresse au plaisant entretien
M’aime d’un coeur tant bon et désirable
Qu’on me devrait appeler misérable,
Si mon vouloir était autre que sien.
Et fusse Hélène au gracieux maintien
Qui me vînt dire : ” Ami, fais mon coeur tien “,
Je répondrais : ” Point ne serai muable :
Là me tiendrai. ”
Qu’un chacun donc voise chercher son bien
Quant est à moi, je me trouve très bien.
J’ai Dame belle, exquise et honorable.
Par quoi, fussé-je onze mil ans durable,
Au Dieu d’amour ne demanderai rien :
Là me tiendrai.