Ouverture de la rubrique “Réflexions”

Nouvelle section sur le blog, faite d’idées et de sujets à développer. Au programme de cet article : le premier texte revisité par “Le Goût du Jour”, et quelques clés sur la structure du spectacle…

C’était annoncé, voici donc l’ouverture, sur notre blog, de la section “Réflexions”. On vous rassure, pas de casse-tête en vue, mais plutôt une opportunité d’approfondir certains sujets en rapport direct avec la série. Impressions diverses des artistes, thèmes humains, quotidiens ou même philosophiques abordés par “Elle, Lui… l’Amour !”, autant de petits mémos qui pourront, en toute simplicité, être épinglés dans cette rubrique.
Son objet sera d’ailleurs non pas de poster des recettes préfabriquées, mais bien d’ouvrir des pistes afin que chacun puisse méditer, prolonger lui-même la pensée, et forger ses propres opinions.

L’occasion était belle, également, de nourrir cet espace de quelques extraits de textes revisités par le spectacle “Le Goût du Jour”. Ils sont porteurs de significations, et vous êtes nombreux à avoir exprimé votre envie de les redécouvrir, encore après la pièce.
L’auteure et metteure en scène, Daphné Cornez, a en effet construit “Le Goût du Jour” sur un subtil mélange d’écriture originale et de textes poétiques existants, replacés dans des contextes quotidiens et très actuels. L’un des premiers d’entre eux, revisité dans le tableau initial du spectacle, est un poème de l’écrivain belge Charles Van Lerberghe (1861-1907), extrait de “La Chanson d’Eve”, et dont voici les strophes originales :

Ne suis-je vous, n’êtes-vous moi ?
Ô choses que de mes doigts
Je touche et de la lumière
De mes yeux éblouis ?
Fleurs où je respire, soleil où je luis,
Âme qui pense,
Qui peut me dire où je finis,
Où je commence ?

Ah ! Que mon cœur infiniment
Partout se retrouve ! Que votre sève
C’est mon sang !
Comme un beau fleuve,
En toutes choses la même vie coule,
Et nous rêvons le même rêve….

Bien loin des divergences de vues qu’ont pu faire naître les interprétations purement théologiques de ce texte – d’aucuns ont déjà débattu de la notion de panthéisme qu’il évoque ou de sa possible opposition au “Paradis Perdu” de John Milton –, Daphné Cornez a préféré mettre en exergue l’extraordinaire message d’amour universel qu’il peut nous donner…

Alors que Charles Van Lerberghe l’a écrit comme un monologue d’Eve, dans “Le Goût du Jour”, Emma et Jef – Elle et Lui – font vivre ce poème en échange, en répliques partagées. Ils s’émerveillent tout à la fois de leur rencontre et du monde qui les entoure. Forts de leur Amour, ils s’identifient ainsi aux beautés de la nature comme ils s’identifient l’un à l’autre. Ils comprennent ainsi qu’ils participent de la même énergie… qu’ils ne font qu’un. Ce qui fait encore grandir leur Amour et leur harmonie.

Concrétisé par Elle et Lui à travers leur relation de couple, le message peut parfaitement être transposé de manière plus large, le sentiment d’appartenance à l’univers concourant au rapprochement et à l’entente des personnes et des peuples.

Bien sûr, il s’agit là d’une des nombreuses facettes du spectacle, qui fait également la part belle à l’humour et teinte toutes ses approches de fantaisie et de ludique. Mais à travers une mise en scène et en contexte singulière, Daphné Cornez montre ainsi, sans les dénaturer, à quel point ces textes anciens – et parfois oubliés – ont une portée formidablement actuelle et méritent, à l’instar de l’Amour, d’être remis… au Goût du Jour.

Cette réflexion sera d’ailleurs poursuivie dans de futurs articles, qui reparleront de la structure de la pièce, et mettront en lumière d’autres textes poétiques auxquels elle fait écho.